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Colombie : la Plaza La Santamaría amorce sa métamorphose

De l’arène taurine au lieu de vie : la Plaza La Santamaría amorce sa métamorphose

Après des décennies de controverses, de violences symboliques et de luttes citoyennes, la Plaza La Santamaría à Bogotá s’apprête à tourner définitivement la page de la tauromachie. Le Conseil de Bogotá vient d’approuver en premier débat le Projet d’Accord n°819 de 2025, qui ouvre la voie à une reconversion ambitieuse de l’ancienne arène taurine en centre culturel, artistique, sportif et de bien-être communautaire.
Un basculement à la fois urbain, politique et profondément symbolique pour la capitale colombienne.

Un monument chargé d’histoire, désormais questionné

Inaugurée en 1931, la Plaza La Santamaría, située au cœur de Bogotá, a longtemps incarné une tradition importée d’Europe et défendue comme un héritage culturel. Mais depuis plusieurs années déjà, ce statut était de plus en plus remis en cause par une partie croissante de la société civile, par les associations de protection animale et par les évolutions législatives nationales.

La Colombie a franchi un cap décisif avec l’adoption, en 2024, de la loi interdisant les spectacles taurins. Cette rupture juridique a ouvert un débat plus large : que faire de ces édifices emblématiques, conçus pour des pratiques désormais interdites ? La Santamaría devient aujourd’hui un laboratoire de réponse à cette question.

Un projet de reconversion aux ambitions multiples

Le Projet d’Accord 819 de 2025, présenté au Concejo de Bogotá, ne se limite pas à un changement d’usage abstrait. Il définit une série d’orientations concrètes visant à transformer la Santamaría en un espace ouvert, inclusif et tourné vers l’avenir.

Parmi les axes majeurs du projet figurent :

  • la reconnaissance officielle de la Plaza comme équipement culturel, sportif et communautaire ;
  • la création d’une programmation permanente d’activités artistiques, culturelles, éducatives et sportives ;
  • l’organisation de forums et événements liés au respect du vivant et aux droits des animaux ;
  • la mise en place de programmes de reconversion professionnelle pour les personnes dépendant économiquement de la tauromachie ;
  • le développement d’un circuit touristique et gastronomique dans le quartier, favorisant l’économie locale ;
  • et même un processus participatif visant à renommer symboliquement le lieu.

Loin d’un simple changement cosmétique, il s’agit d’une reconstruction du sens même du lieu.

Patrimoine architectural et nouvelle vocation

L’un des enjeux centraux demeure la protection du patrimoine. Classée monument d’intérêt culturel, la Plaza ne peut être transformée sans précaution. C’est là qu’intervient l’Instituto Distrital de Patrimonio Cultural, chargé de la conservation et de la valorisation du bâtiment.

Ces dernières années, des travaux importants ont déjà été réalisés : renforcement structurel, rénovation de la façade, adaptation des installations techniques. L’objectif est clair : préserver l’architecture historique tout en libérant le lieu de sa fonction d’origine. Une démarche qui cherche l’équilibre entre mémoire et réinvention.

Une transformation déjà visible sur le terrain

Contrairement à d’autres projets urbains bloqués au stade des intentions, la reconversion de la Santamaría est déjà en marche. Le site accueille désormais des événements qui n’ont plus rien à voir avec le passé taurine : compétitions sportives, spectacles, festivals culturels, rencontres artistiques.

En 2025, la Plaza a par exemple servi de cadre à des manifestations sportives et à des projets artistiques d’envergure, confirmant sa capacité à devenir un espace polyvalent et populaire. La transformation n’est donc pas seulement annoncée : elle est en train de se concrétiser.

Une portée éthique et sociale forte

Au-delà de l’urbanisme, la reconversion de la Santamaría porte une dimension éthique majeure. Transformer une arène autrefois dédiée à la mise à mort rituelle des animaux en un lieu de culture, de sport et de bien-être constitue un geste symbolique fort.

Pour les défenseurs des animaux, c’est la reconnaissance officielle que certaines traditions ne peuvent plus être justifiées au nom de la culture. Pour la ville, c’est aussi une manière d’assumer son histoire sans l’effacer, tout en affirmant de nouvelles valeurs.

Le projet insiste également sur la dimension sociale : il ne s’agit pas d’abandonner celles et ceux qui vivaient de la tauromachie, mais de les accompagner vers d’autres activités. Cette attention portée à la reconversion professionnelle évite une rupture brutale et favorise une transition plus juste.

Des défis encore réels

Tout n’est cependant pas réglé. Plusieurs défis demeurent : la clarification du financement à long terme, la garantie d’une gouvernance réellement participative, l’équilibre entre activités commerciales, culturelles et citoyennes, ou encore la gestion de la mémoire du lieu sans glorification du passé violent.

Certains secteurs de la société restent opposés à cette reconversion et dénoncent la « perte d’une tradition ». D’autres, au contraire, craignent que le projet ne reste symbolique sans moyens suffisants. L’avenir de la Santamaría dépendra donc de la capacité des institutions à transformer l’essai.

Un symbole pour Bogotá et au-delà

Avec ce projet, Bogotá envoie un message fort : un monument peut changer de vocation sans perdre sa dignité, et un espace chargé de violence peut devenir un lieu de vie, de création et de rassemblement. La Plaza La Santamaría n’est plus seulement un vestige du passé, mais un symbole de transition culturelle et éthique.

Si la reconversion aboutit pleinement, elle pourrait inspirer d’autres villes confrontées à des héritages controversés. Car la question posée dépasse largement la Colombie :

Que faisons-nous, aujourd’hui, des lieux bâtis pour des pratiques que notre conscience collective ne peut plus accepter ?

CV  


Source officielle : Concejo de Bogotá D.C. – ¡Histórico! Aprobado en primer debate proyecto que busca transformar la Plaza La Santamaría en un centro de innovación cultural

Le CRAC Europe se dote d’un Fonds de Dotation : une nouvelle étape décisive pour la cause

Nous sommes heureux de vous annoncer une avancée majeure pour notre mouvement : le ministère de l’Intérieur vient de valider officiellement la création du Fonds de Dotation du CRAC Europe.
Une étape historique, car notre association, la plus ancienne organisation anti corrida de France encore en activité (depuis 1991), devient aussi la toute première de notre cause à se doter d’un tel outil.

Cette reconnaissance ouvre une nouvelle ère pour notre action. Elle renforce notre capacité à défendre les animaux, à protéger l’enfance et les humains de la violence de ces spectacles, protéger aussi leurs environnements et à porter plus haut encore le combat contre la barbarie tauromachique.


Qu’est-ce qu’un fonds de dotation ?

Créé par la loi de 2008, le fonds de dotation est un organisme sans but lucratif destiné à recevoir, gérer et faire fructifier des dons, donations et legs afin de financer des missions d’intérêt général.
Il permet à une association comme la nôtre de disposer d’un outil pérenne, transparent et contrôlé pour soutenir ses actions.

Concrètement, notre Fonds de Dotation permettra de :

  • collecter des dons, donations et legs dans un cadre juridique sécurisé,
  • garantir une transparence financière renforcée, grâce au contrôle d’un commissaire aux comptes et au dépôt annuel des comptes en préfecture
  • financer directement ou indirectement les actions du CRAC Europe au service de l’intérêt général et des animaux.

Un avantage majeur : les legs intégralement préservés pour la cause

Jusqu’à présent, les legs consentis à une association comme la nôtre subissaient 60 % de droits de mutation, amputant considérablement les montants réellement destinés à la lutte contre la cruauté des corridas sur les animaux.

Grâce à notre Fonds de Dotation, respectant le régime du mécénat prévu par l’article 200 du Code général des impôts, ces droits disparaissent :
➡️
100 % des biens et sommes légués seront directement consacrés aux actions du CRAC Europe

C’est un changement stratégique. Cela signifie :

  • plus de moyens pour lancer des campagnes,
  • la possibilité de financer des nouvelles actions de terrain, éducatives ou juridiques,
  • une base financière solide pour inscrire notre combat dans la durée jusqu’à l’abolition.

Pourquoi c’est une étape historique

En créant ce Fonds de Dotation, nous assurons l’avenir du CRAC Europe et consolidons les ressources nécessaires pour continuer à affronter un lobby puissant, organisé et soutenu par certains élus.
Nous offrons aussi à nos sympathisants une manière concrète, durable et sécurisée de transmettre leurs valeurs au-delà de leur vie, pour que leur engagement continue d’agir aussi longtemps que nécessaire après eux.


À nos soutiens : merci

Rien de tout cela n’aurait été possible sans vous.
Vos dons, votre mobilisation, votre présence à nos côtés, parfois depuis des décennies ou le début, ont permis au CRAC Europe de tenir, d’agir, d’obtenir des victoires, de faire bouger les lignes.

À vous qui êtes là depuis le début : merci d’avoir rendu cette étape possible.
À celles et ceux qui nous rejoignent aujourd’hui : bienvenue dans un combat dont nous verrons l’abolition ensemble.


Pour la suite : ensemble, plus forts que jamais

Ce Fonds de Dotation est bien plus qu’une structure administrative.
C’est une promesse : celle de continuer le combat jusqu’à l’abolition, avec des moyens renforcés, une vision de long terme, et la détermination intacte qui caractérise notre mouvement depuis tant d’années.

Le combat continue — et nous le gagnerons, ensemble.

Cyril Vaucelle
Président du CRAC Europe

Mails contact:

Association: craceurope@anticorrida.com

Fonds de dotation : fddcraceurope@anticorrida.com

Chargée de mission FDD Isabelle Marais : isabelle.marais@anticorrida.com06 19 77 28 84

Carte de villes qui ont arrêté depuis 2015

Ville ou villageAnnée d’arrêt
Palavas les flots2016
La brède2025
Vieux Boucau2025
Pérols2025
Nîmes (30000 Gard)
Béziers (34032 Hérault)
Arzacq–Arraziguet (64063 Pyrénées-Atlantiques)

2025, le nouvel “Esprit du Sud”

Le nouvel esprit du Sud

Le Sud n’appartient plus à l’afición de tauromachie espagnole.

Il y a une quinzaine d’années, cette pratique s’étendait sur 12 départements, formant une continuité géographique dans tout le sud de la France (à l’exception de la région PACA).
Puis, au fil du temps : 11, puis 10, et aujourd’hui seulement 9 départements restent contaminés par cette cruauté.

Les aficionados de tauromachie espagnole sont désormais éparpillés sur deux zones distinctes, sans aucune continuité territoriale :

  • un petit noyau dans le Sud-Ouest,
  • et un autre dans le Sud-Est.

Pire encore : les derniers sites de mise à mort animale se concentrent presque exclusivement dans deux départements, les Landes pour le Sud-Ouest et le Gard pour le Sud-Est.

Parmi ces 9 départements, 3 ne comptent plus qu’une ou deux arènes actives :

  • Gironde : 1,
  • Hautes-Pyrénées : 2,
  • Pyrénées-Orientales : 2.

️ Les communes qui ont tourné la page de la cruauté

Ces dix dernières années, de nombreuses localités ont abandonné la corrida.
Du plus récent au plus ancien :
Vieux-BoucauLa BrèdeCarcassonneSamadetGimontRodilhanVergèzeLe Grau-du-RoiPalavas-les-Flots et Rieumes.


Des pratiques en perte de vitesse

En 2025, plusieurs communes ont déjà annoncé leurs difficultés à financer ces spectacles devenus coûteux et impopulaires :
EauzeCastelnau-Rivière-BasseVilleneuve-de-Marsan et même Rion-des-Landes.

Avec les prochaines élections municipales en mars, nous pouvons espérer de nouvelles annonces d’abandon dès 2026.

 La jurisprudence de Pérols : un tournant

La jurisprudence de Pérols a ouvert une voie essentielle : elle permet d’interdire tout retour ou toute création d’arènes destinées à la tauromachie sanglante.
Une avancée juridique majeure pour la défense des animaux


 La corrida est condamnée par l’histoire

La corrida est vouée à disparaître.
Mais n’attendons pas 20 ou 30 ans qu’elle disparaisse d’elle même avec des milliers d’animaux encore sacrifiés : continuons d’accélérer l’Histoire. 

Villes et villages où subsistent encore de la tauromachie espagnole :

Sud-Ouest (32 localités)

Aignan • Aire-sur-l’Adour • Arzacq-Arraziguet • Bayonne • Bougue • Captieux • Castelnau-Rivière-Basse • Cazaubon • Dax • Eauze • Gamarde-les-Bains • Garlin • Hagetmau • La Brède • Magescq • Maubourguet • Maurrin • Mimizan • Mont-de-Marsan • Mugron • Orthez • Parentis-en-Born • Plaisance-du-Gers • Rion-des-Landes • Riscle • Roquefort-des-Landes • Saint-Sever • Saint-Vincent-de-Tyrosse • Seissan • Soustons • Vic-Fezensac • Villeneuve-de-Marsan.

Sud-Est (23 localités)

Alès • Arles • Beaucaire • Bellegarde • Béziers • Bouillargues • Boujan-sur-Libron • Châteaurenard • Céret • Fourques • Gimeaux • Istres • Lunel • Mauguio • Méjanes • Millas • Nîmes • Saint-Étienne-du-Grès • Saint-Gilles • Saint-Laurent-d’Aigouze • Saint-Martin-de-Crau • Saintes-Maries-de-la-Mer • Tarascon • Vauvert.

Code pénal : “Course de taureaux” : c’est juste la traduction de “corrida de toros”

“Course de taureaux” : une traduction juridique de “corrida de toros” uniquement

Dans les débats autour de la corrida, on cite souvent l’article 521-1 du Code pénal (anciennement 334 du Code pénal en 1951), qui prévoit une dérogation « aux courses de taureaux lorsqu’une tradition locale ininterrompue peut être invoquée ».

Beaucoup y voient une reconnaissance de certaines “courses” régionales, comme la course camarguaise ou landaise. En réalité, le législateur de 1951 ne parlait pas de bouvine (traditions françaises autour du taureau), mais bien évidement  des corridas espagnoles avec mise à mort.

Une francisation administrative

Le terme “course de taureaux” n’est pas une invention locale : c’est la traduction littérale et juridique du mot espagnol “corrida de toros”.
Le Code pénal français, fidèle à la règle linguistique selon laquelle la loi doit être rédigée en français, a simplement francisé l’expression étrangère.
Ainsi, “boxing match” devient “combat de boxe”, “hooligan” devient “fauteur de troubles” ou “supporters violent” et corrida de toros devient “course de taureaux”.

Le Code pénal n’utilise jamais de mots étrangers, par principe. En 1951, il était donc impensable d’inscrire un terme espagnol comme corrida dans la loi. Le mot “course” a servi de traduction littérale à “corrida”, même s’il prête aujourd’hui à confusion même devant les tribunaux.


Une confusion entretenue

Cette traduction a permis d’entretenir une ambiguïté utile aux aficionados de corrida : à Paris, on pouvait croire que la loi visait aussi les courses camarguaises ou landaises, spectacles sans mise à mort, alors qu’en réalité, elle n’autorisait que les corridas sanglantes dans les villes du Sud où cette pratique existait déjà.

L’usage populaire et médiatique de l’époque est sans équivoque. 
Sur le site de collection Delcampe, qui recense au jour de la rédaction de cet article 4272 documents anciens comme des cartes postales ou des affiches avec les seuls termes “course de taureaux”, quasi tous montrent des illustrations de corridas de toros.  
Aucune “course camarguaise” ou “landaise” n’est désignée ainsi.
Autrement dit, dans le langage courant ancien comme dans l’iconographie, “course de taureaux” signifiait déjà “corrida”.

 Le cas révélateur de Pérols

Cette confusion est d’actualité.
Récemment, la mairie de Pérols (Hérault), souhaitant réintroduire des corridas, a défendu uniquement devant les tribunaux l’idée qu’une “tradition locale de courses de taureaux” existait dans la commune — ce qui lui donnerait, elle espérait, le droit d’organiser à nouveau des corridas.
L’argument paraît cohérent sur le papier… mais il repose sur un amalgame sémantique :
Oui, Pérols possède une tradition taurine bien réelle, autour de la bouvine, des abrivados et des courses camarguaises,
mais les corridas de toros (courses de taureaux) avec mise à mort ont cessé depuis plus de vingt ans.
Ce n’est pas que sur cet argument que le CRAC Europe à gagné mais surtout sur la désignation de la “localité”, elle aussi floue jusqu’à maintenant. La nouvelle jurisprudence Pérols clarifie la situation géographique de la tradition de “course de taureaux”.

Cet amalgame des pro corrida, nous a conduit au CRAC Europe à nous interroger sur le sens exact du mot “course de taureaux” dans la loi.
Et à constater que la confusion profite toujours aux promoteurs de la corrida, qui instrumentalisent un vocabulaire volontairement flou pour faire passer une pratique étrangère pour une tradition locale.

Les autres tauromachies ne sont pas concernées

Les courses camarguaisescourses landaises ou autres jeux taurins régionaux n’ont jamais eu besoin à ce jour de dérogation pénale :
Même si certaines pratiques sont contestables car elles engendrent inutilement, et par tradition, de la souffrance aux animaux (marquage au fer rouge, escoussures, bistournage, lâchers de taureaux sur le bitume…), elles ne comportent pas de torture volontaire ni de mise à mort de taureaux. Nous invitons les gens de la bouvine à faire évoluer certaines de leurs pratiques.

Leur existence n’a donc jamais été encore menacée juridiquement.

L’article de 1951 ne les concerne donc pas.
Il ne visait qu’à rendre légal le supplice public des taureaux dans certaines villes sous couvert de “tradition locale”.


Pour conclure, la “course de taureaux” n’est pas une tradition française : c’est la traduction administrative de mots espagnols, introduite en 1951 pour dépénaliser  la “corrida de toros”.
Les archives visuelles, linguistiques et les débats locaux comme celui de Pérols le prouvent :
quand on parlait — et qu’on parle encore — de “courses de taureaux”, il s’agit bien de corridas de toros, et non des traditions françaises appelés distinctement dans le Sud Est par exemple : course libre, course à la cocarde ou course camarguaise.

Victoire pour les taureaux à Pérols !

La Cour administrative d’appel de Toulouse vient de trancher : la tauromachie espagnole avec mise à mort n’a pas droit de cité à Pérols. Une décision historique qui marque une étape décisive pour la cause animale et pour toutes celles et ceux qui refusent la barbarie.

Pérols dit non au retour du sang dans ses arènes

Depuis plusieurs années, le CRAC Europe, rejoint ensuite sur le partie administrative par l’Alliance Anticorrida, se battait sur le terrain et devant les tribunaux pour empêcher la municipalité de relancer la corrida sanglante dans une ville où seule la tradition camarguaise (courses de taureaux, lâchers dans les rues) a une légitimité historique.

En mai 2023, une novillada avait déjà été suspendue en urgence par le tribunal administratif de Montpellier. L’année suivante, en juin 2024, les juges annulaient la délibération municipale autorisant la reprise des corridas avec mise à mort. La mairie avait fait appel : elle vient de perdre de nouveau.

La Cour administrative d’appel est claire : Pérols ne peut pas se réclamer d’une « pratique locale ininterrompue ». Sans tradition locale reconnue, aucune dérogation n’est possible à l’article 521-1 du Code pénal, qui qualifie la corrida d’acte de cruauté puni de 5 ans de prison et 75 000 € d’amende.

Une jurisprudence qui change la donne

Cette décision dépasse largement le cas de Pérols. Désormais, aucune commune située en dehors d’une zone de tradition de corrida reconnue et surtout très localisée ne pourra prendre l’initiative d’organiser des corridas si elle n’en faisait pas avant. Les aficionados perdent ainsi tout espoir d’« étendre » leur pratique à de nouveaux territoires.

Concrètement, le périmètre de la corrida se réduit à 55 villes et villages, et non plus à l’ensemble de 9 départements comme les taurins le prétendaient jusqu’ici. Un coup dur pour ceux qui rêvaient d’imposer leur folklore sanglant ailleurs. La cruelle corrida ce n’est plus le Sud, mais “seulement” 55 ilots de torture. Ce chiffre ne pouvant désormais que continuer à baisser.

Une victoire pour les animaux, une victoire citoyenne

Au-delà du juridique, c’est un message fort envoyé à la société : la cruauté ne peut pas s’inventer une tradition. À Pérols, le retour surprise des corridas avait suscité l’indignation d’une grande partie de la population.

Le CRAC Europe et l’Alliance Anticorrida sortent victorieux de ce bras de fer. La mairie devra d’ailleurs payer à nouveau 1 500 € à chacune des associations pour couvrir les frais de justice.

Cette victoire prouve que l’action citoyenne et associative fonctionne : ensemble, nous pouvons mettre fin à la barbarie.

CV

Edit: Le maire de Pérols à fait savoir au Midi Libre le jour même que la procédure s’arrêterait là, et que la commune ne porterait pas le dossier devant le Conseil d’État. (source: “Un gros revers pour les aficionados” : la corrida interdite à Pérols par la Cour administrative de Toulouse – midilibre.fr )

Cyril Vaucelle président du CRAC Europe devant le taureau de Pérols

Plus que 9 départements concernés en France

La tauromachie recule : plus que 9 départements concernés en France

12… puis 10… il n’en reste aujourd’hui que 9 départements encore gangrenés par la culture de la souffrance et de la mort.

Les aficionados aiment à se rassurer — et parfois certains militants anti-corrida les croient — mais la réalité est claire : la tauromachie espagnole est en perte de vitesse partout dans le monde, y compris en France.

Régulièrement, lentement… mais sûrement.

En moins de dix ans, trois départements sont devenus vertueux, en perdant leur dernière ville ou village pro-corrida :

  • le Var, avec Fréjus ;
  • l’Aude, avec Carcassonne ;
  • la Haute-Garonne, avec Rieumes.

Trois autres départements ne tiennent plus qu’à un fil, avec seulement une ou deux communes pour représenter encore cette soi-disant « culture » de la torture animale.

Des chiffres qui parlent d’eux-mêmes

Une étude menée en 2023 par le COVAC, à partir des propres données des aficionados, confirme cette tendance :

  • quasi 40 % de corridas en moins en vingt ans en France ;
  • passage symbolique sous la barre des 100 spectacles sanglants par an ;

Nous notons aussi cette année la rareté remarquée de traditionnels “No Hay Billetes”, signe que plus beaucoup d’arène n’ont affiché complet avant ouverture. Quelques rares cas dans le Sud Ouest si on peut/veut croire leurs déclarations.

Les grandes ferias survivent en concentrant artificiellement les derniers milliers d’aficionados pour remplir une journée phare et sauver leur image et leur rentabilité. Dans les petits villages, les organisateurs ne tiennent que sous perfusion d’argent public (cf rapport de la Cour des comptes de 2025).

Dans les petits villages, les arènes souvent remplies à seulement 30 ou 40 %, des novilladas non piquées (les plus « low cost » possibles) organisées une fois l’an. Peut-on encore parler de tradition locale ininterrompue dans ces conditions ? Mais c’est un autre sujet…


Une pratique dépassée

Toutes les grandes ferias voient le nombre de corridas diminuer année après année. Cette (trop lente) décroissance s’explique par :

  • l’évolution de la société et la prise en compte croissante du droit des animaux à vivre sans souffrir ;
  • la conscience écologique et l’importance à agir ;
  • la crise économique qui oblige les municipalités à réduire leurs subventions ;
  • le manque d’intérêt du public pour une pratique cruelle, ringarde et d’un autre âge.

Abolissons la corrida

La corrida s’effondre sous le poids de ses contradictions et de son anachronisme. À nous d’accélérer l’Histoire : continuons à nous mobiliser contre la cruauté, pour un monde plus juste, plus empathique et sans violence érigée en spectacle.

Abolissons la corrida.

#StopCorrida #FranciSinToreo

l’exception scandaleuse de la corrida et des combats de coqs

Isonomie et Code pénal : l’exception scandaleuse de la corrida et des combats de coqs

Mise en ligne : 26 septembre 2025

Le principe d’isonomie en droit pénal

L’isonomie est l’un des piliers de notre État de droit : il signifie que tous les citoyens sont égaux devant la loi et que les mêmes actes doivent être sanctionnés de la même façon, partout sur le territoire.
Ce principe est garanti par :

  • l’article 1er de la Constitution de 1958 : « La France assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens » ;
  • l’article 6 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 : « La loi doit être la même pour tous, soit qu’elle protège, soit qu’elle punisse ».

En matière pénale, l’isonomie est particulièrement essentielle : la loi doit dire clairement ce qui constitue une infraction et prévoir des sanctions applicables sans discrimination.

L’article 521-1 du Code pénal : la protection des animaux

Depuis 1994 (entrée en vigueur du nouveau Code pénal, et renforcé en 2021), l’article 521-1 dispose :

« Le fait, publiquement ou non, d’exercer des sévices graves, ou de nature sexuelle, ou de commettre un acte de cruauté envers un animal domestique, ou apprivoisé, ou tenu en captivité est puni de cinq ans d’emprisonnement et de 75 000 euros d’amende. »

Ce texte marque une avancée majeure dans la prise en compte de la sensibilité animale. Il traduit l’idée que la cruauté n’est pas tolérable et qu’elle doit être fermement sanctionnée.


Une exception qui viole l’égalité devant la loi

Mais le même article ajoute :

« Les dispositions du présent article ne sont pas applicables aux courses de taureaux lorsqu’une tradition locale ininterrompue peut être invoquée, ni aux combats de coqs dans les localités où une tradition ininterrompue peut être établie. »

Cette dérogation est unique dans tout le Code pénal.

  • Partout ailleurs, torturer un animal est un délit condamnable.
  • Mais dans quelques villes et quelques villages, les mêmes sévices deviennent parfaitement “légaux” au nom de la tradition.

C’est une rupture frontale avec l’isonomie : la loi, censée être la même pour tous, devient territoriale et discriminatoire.


Avant 1951 : une interdiction sur tout le territoire

Contrairement à une idée répandue, la corrida n’a pas toujours bénéficié de cette tolérance.

  • 1850 – Loi Grammont : première loi de protection animale. Elle interdit les mauvais traitements exercés publiquement envers les animaux domestiques (les taureaux de corridas sont issus d’élevages). Les corridas tombent donc sous le coup de cette loi.
    À partir de là, la corrida était juridiquement interdite partout en France, même si les poursuites restaient rares.
    La première corrida en France a eu lieu en 1853, organisée en l’honneur de l’impératrice Eugénie de Montijo (épouse de Napoléon III), elle-même d’origine espagnole.
  • 1951 – La régression : la loi du 24 avril 1951 crée une exception, en autorisant corridas et combats de coqs « lorsqu’une tradition locale ininterrompue peut être invoquée ».
    Pour la première fois, une pratique cruelle sort du champ de l’infraction pénale au nom d’une tradition.
  • 1994 – Nouveau Code pénal : l’exception est reprise dans l’actuel article 521-1, toujours en vigueur aujourd’hui.

En résumé : avant 1951, la corrida était interdite sur tout le territoire. Depuis 1951, elle n’est interdite que partiellement, avec une tolérance dans une cinquantaine de villes et villages du Sud de la France (53).


Une survivance d’un autre temps

Cette dérogation date de 1951, une époque où la sensibilité à la cause animale était encore balbutiante. Mais depuis :

  • En 2015, le Code civil a reconnu les animaux comme « êtres vivants doués de sensibilité » (art. 515-14).
  • La société française a largement évolué : selon les derniers sondages, 8 à 9 Français sur 10 sont favorables à l’interdiction de la corrida. Le plus favorable étant celui de l’IFOP réalisé pour la Fondation Brigitte Bardot en 2022.

Maintenir aujourd’hui cette exception, née au siècle dernier, revient à figer la loi dans un archaïsme qui contredit l’évolution du droit et de l’éthique.

Pourquoi il faut changer la loi ?

Trois raisons rendent la suppression de cette dérogation urgente :

  1. Cohérence juridique : la loi doit être la même pour tous. Le principe d’isonomie est vidé de son sens tant qu’une infraction grave peut être tolérée par simple invocation d’une coutume locale.
  2. Cohérence éthique : notre société a évolué. La cruauté envers les animaux n’est plus perçue comme un spectacle acceptable, mais comme une violence choquante.
  3. Cohérence sociale : les traditions n’ont pas valeur d’argument absolu. Beaucoup ont disparu (duels, châtiments corporels, bruler des chats à la St Jean…) parce qu’elles étaient contraires aux droits fondamentaux.

Conclusion

La corrida et les combats de coqs sont les seules infractions pénales en France à bénéficier d’une dérogation culturelle, héritée d’une loi de 1951. (74 ans…)
Alors que le Code pénal prévoit 5 ans de prison et 75 000 € d’amende pour de tels sévices, ces pratiques sont encore tolérées dans certaines villes et certains villages (53 pour les corridas, une vingtaine pour les combats de coqs)

En réalité, avant 1951, la corrida était interdite partout en France par la loi Grammont. La « tradition » a donc servi de prétexte à une régression législative.

En 2025, il est temps de mettre fin à cette anomalie et d’affirmer clairement que la cruauté envers les animaux est un délit, partout et sans exception.

#FranciaSinToreo #StopCorrida

Une dérive éthique pour le Rotary Club

Quand la solidarité se met au service de la corrida : une dérive pour le Rotary ?

Le Rotary International est une organisation mondiale respectée, reconnue pour son engagement humanitaire : éradication de la poliomyélite, accès à l’eau potable, soutien à l’éducation et à la santé. Ses valeurs officielles – service, intégrité, respect, fraternité – en font un acteur crédible de la solidarité internationale.

C’est pourquoi l’initiative locale de certains membres du Rotary en Arles interpelle : à l’occasion de la Feria du Riz, ils proposent pour la première fois aux spectateurs des corridas des coussins à vendre “pour conjuguer confort et solidarité”. Les bénéfices doivent soutenir une association, mais l’action soulève une question majeure : peut-on promouvoir une bonne cause en s’associant à une pratique qui repose sur la souffrance animale ?

Rotary club corrida

La corrida est depuis longtemps au cœur des controverses. Si certains la défendent comme tradition culturelle, elle n’en reste pas moins une mise à mort publique, dont la cruauté choque une majorité croissante de citoyens. En améliorant le confort des spectateurs, cette opération du Rotary en Arles contribue à normaliser, voire légitimer, un spectacle violent.

Il ne s’agit pas de nier la sincérité des intentions solidaires, mais d’interroger leur cohérence. Est-il acceptable d’utiliser un prétexte caritatif pour s’inscrire dans un cadre contraire aux principes de respect et d’éthique ? L’image du Rotary, construite sur des décennies de service à la collectivité, ne mérite-elle pas mieux que d’être associée à la banalisation de la violence ?

La solidarité est une valeur précieuse. Elle mérite d’être mise en œuvre dans des actions qui rassemblent, qui soulagent et qui élèvent. Les clubs Rotary, partout dans le monde, savent innover pour collecter des fonds sans renoncer à leurs idéaux. À Arles, une réflexion s’impose : quand l’éthique et la cohérence vacillent, la crédibilité d’une organisation est en jeu.

Pas de subventions, fin des corridas

Publié le 08-09-2025

Début 2025, cinq communes du Sud-Ouest ont annoncé vouloir mettre fin aux corridas ou rencontrer de graves difficultés pour les maintenir.

L’une d’entre elles, Vieux-Boucau, a d’ailleurs franchi le pas immédiatement, en invoquant avant tout une raison éthique. Bravo à elle !

Les autres tirent dès à présent la sonnette d’alarme pour 2026 : La Brède, Castelnau-Rivière-Basse, Rion-des-Landes, Villeneuve-de-Marsan et Eauze.

Et combien d’autres sont-elles dans la même situation ? Probablement toutes sans le dire encore.

Car sans subventions publiques, pas de corridas.

La Cour des comptes Occitanie l’a confirmé cette année : dans les six villes et villages contrôlés, toutes reçoivent des aides publiques, directes et/ou indirectes, pour financer la tauromachie espagnole.

En 2025, nous avons lancé l’opération #municipales2026sanscorrida, en recouvrant les panneaux d’affichage libre des communes avec nos visuels. Nous avons encore des affiches à vous proposer si vous souhaitez y participer ! (voir ici)

Nous passons maintenant à l’étape 2 : interpeller officiellement toutes les municipalités pro-corrida — plus d’une cinquantaine — pour leur demander officiellement des comptes sur l’argent public utilisé. Qu’il s’agisse des subventions attribuées pour organiser le sacrifice des animaux dans les arènes, ou encore des places achetées pour être distribuées gratuitement afin de remplir artificiellement les gradins, nous exigerons la transparence prévue par la loi.

Pourquoi maintenant ? Parce que l’enjeu ne se limite pas aux élections municipales de mars prochain : les subventions à la tauromachie espagnole sont votées dès la fin de l’année pour l’exercice suivant.

La corrida est vouée à disparaître. Accélérons l’histoire.

Cessons l’acharnement thérapeutique à coups de subventions publiques.

#franciasintoreo #StopCorrida

CV

(Image assistée par IA)

Loupe